vendredi 26 novembre 2021

Mono Solo

J'avais envie de partager mon couple hors du commun dans mon article d'aujourd'hui. 

En 2019, je sortais d'une relation de 12 ans tout ce qu'il y a de plus traditionnelle, et, disons le, plutôt fusionnelle. J'ai emménagé seule pour la première fois depuis que j'avais quitté le nid familial à la fin de l'adolescence. Cette étape était cruciale, non seulement dans mon processus de deuil, mais aussi dans ma réclamation de mon pouvoir personnel. 

Au début de la pandémie en 2020, j'ai fait la connaissance d'un homme qui correspondait en tous points à mes plus fous espoirs. En confinement, nous avons fait connaissance d'une façon plutôt intense, se fréquentant 24h sur 24, compte tenue du couvre-feu et de notre nouvelle réalité du télétravail. Lors du déconfinement, je lui ai fait part de mon désir de demeurer seule. Ce qui est merveilleux de mon homme, c'est son approche totalement libertaire. Je suis libre en tout temps de fréquenter mes amis de la gente masculine, de sortir quand je veux, d'inviter des amis quand je veux, et d'avoir du temps en solo quand je le souhaite.  Alors, pour lui, que j'habite seule, ça ne posait aucun problème. Tout le contraire de ma relation d'avant!

Nous avons donc continué à faire vie commune, mais séparément. De mon côté, j'ai une vie sociale hyperactive, une entreprise en dehors de ma carrière bien établie, et des tonnes de passes temps. De son côté, il est chanteur dans 3 groupes de musique. Notre vie bien active se conjugue au quotidien, alors qu'à la fin de notre journée de travail, nous discutons de nos envies, de nos besoins, et nous choisissons ainsi si l'on souhaite passer du temps ensemble. Nous nous faisons un point d'honneur cependant de s'accorder un moment en tête à tête chaque semaine, seulement, cette occasion varie toujours. 

En mai 2021, heureux de cette relation atypique, nous avons choisi d'unir nos destinées dans ce qu'on appelle un handfasting, une tradition celtique de mariage temporaire. D'une durée d'un an, cet engagement est renouvelable ou dissociable au terme de l'entente. Il est possible de renouveler l'engagement à la fin de l'année, pour un an, pour 5 ans, pour la vie! Encore là, nous renégocierons notre union comme nous le faisons chaque jour de notre relation. (Nous avons publié un article sur cette pratique et sur la cérémonie très atypique que nous avons célébré sur mon blogue Magie Pratique)

Six mois après notre mariage, nous sommes toujours aussi heureux de notre engagement hors du commun et je dois avouer que nous sommes jalousés par certains de nos amis qui aimeraient bien tenter la formule! Nous envisageons même d'adopter un chien... en garde partagée! 

J'apprécie particulièrement de cette expérience le luxe d'avoir du temps en solo pour prendre soin de ma santé mentale, pour méditer, pratiquer mon Miracle Morning,  ou pour recevoir des amis dans un environnement qui est 100% le mien. Dans les derniers milles de mon ancienne relation, je rêvais d'avoir cette liberté. Ma chance inouïe est d'avoir rencontré un homme qui m'a suivi dans cette expérience et qui y trouve lui aussi son compte. 

J'avais envie de partager ce pan de ma vie car je sais que pour certaines personnes, le couple traditionnel ne fonctionne pas. Certains souhaitent vivre à plusieurs, certains choisissent des relations longue distance, pour nous ce ne sont quelques coins de rue qui nous séparent, mais cette liberté pour moi est inestimable. 

Mon merveilleux mari et moi!


 

vendredi 5 novembre 2021

Une autre crise de passée

 5 mois d'arrêt de travail. Des milliers de dollars en thérapie. Une autre crise de passée. 

J'écrivais plus tôt cette année que la santé mentale n'est pas linéaire. C'est plutôt comme une roue de fortune. Chaque haut, chaque bas, est cyclique. C'est comme une roue de fortune parce qu'on ne sait jamais sur quelle phase on va tomber. Les hauts sont exaltants, les bas, anéantissants, mais la roue finit toujours par tourner. 

J'ai pris congé de mon travail au début mai, pour insomnie chronique sévère. L'insomnie pour une personne bipolaire a souvent pour effet de provoquer une hypomanie; un flots de pensées incontrôlables, de la logorrhée verbale, un déséquilibre qui, si on n'y porte pas attention, peut mener à la manie ou à la psychose. Je connais les signes, l'insomnie a toujours été mon talon d'Achille. Et le sommeil, la pierre angulaire de ma santé mentale.

Ce cher Dr. Todorov a bien tenté de m'offrir la panoplie de somnifères disponible sur le marché, avec moi, ça ne fonctionne pas. Étant trop sensible aux molécules, je me retrouve souvent plus déséquilibrée qu'avant la thérapie médicamenteuse. J'ai décidé cette fois de traiter non pas le symptôme, mais la cause de mon insomnie.

Ce qui m'a le plus aidé, c'est la thérapie cognitivo-comportementale contre l'insomnie, que j'ai appliquée moi-même sans soutien d'un thérapeute. J'ai simplement lu tout ce que je pouvais trouver sur le sujet et j'ai appliqué les principes très simples dans mon hygiène de vie.

Je ne dirais pas que l'insomnie est chose du passé, mais avec l'accord de mes patrons et une réorganisation de mon horaire de travail, j'arrive, malgré les nuits difficiles, à dormir entre 7 et 8h sur une base régulière. Quand je dors, tout s'améliore. 

L'hypomanie s'est rapidement résorbée grâce à l'ajustement de mes doses d'antipsychotiques. S'en est suivi le retour du balancier habituel, une période dépressive suivant le high de l'hypomanie. Encore là, on ajuste la dose et l'équilibre revient. La bipolarité, comme la roue de fortune, comporte ses hauts et ses bas. Ce qui me surprends, c'est d'encore m'étonner quand les bas suivent les hauts. Depuis le temps, j'imagine que je serais en mesure de mieux anticiper. 

J'ai donc pu réintégrer le travail après 5 mois tout juste d'arrêt. Une pause dont j'ai profité pour guérir certaines blessures d'enfance qui entravaient mon bonheur d'adulte. C'est grâce à l'EMDR que je peux maintenant dire que je suis plus légère, libérée. Une pause salutaire.

Mon retour progressif se déroule somme toute bien, mais il est impératif que je gère mes niveaux d'énergie et que je mette mon hygiène de vie et ma routine dodo en priorité. Je sais que si je mange bien, que je limite l'alcool, que je sors prendre une dose d'air frais chaque jour et que je m'autorises une pause d'appareils électroniques le soir, mon sommeil sera facilité et je serai alerte et efficace au travail. 

C'est une synergie de bonnes décisions et de discipline qui font en sorte que je fonctionne malgré mon diagnostic. Chaque choix que je fais affecte mon succès. Des fois ça pèse lourd mais je suis toujours heureuse quand je suis en équilibre. Et en bout de ligne, c'est tout ce qui compte. 

La santé mentale n'est pas linéaire, mais je sais qu'en prenant soin de moi, j'entraîne le mouvement vers le haut, et je suis bien heureuse d'y être enfin parvenue.