mercredi 7 juillet 2021

La santé mentale n'est pas linéaire

 J'en suis au début de mon 3e mois d'arrêt de travail pour insomnie sévère et tous les débalancements que cela a occasionné chez moi. Un petit up, un petit down, mais surtout, une anxiété latente que je tente par tous les moyens de ramener à l'ordre. J'ai recommencé à fumer après 9 ans d'arrêt, c'est dire que je peine à gérer.

J'ai connu plusieurs années de stabilité depuis mon éveil spirituel et la mise en place de ma pratique matinale de développement personnel. J'ai un emploi stable et très bien rémunéré, j'entretiens des relations saines et épanouissantes, je suis 100% autonome et je prends soin de moi chaque jour. Mais dans ma tête, il y a toujours le spectre de la maladie mentale, ce mental ennemi qui peut pointer son nez à la moindre occasion. 

C'est un sentiment indescriptible de ne pouvoir faire confiance à son esprit. De savoir que, parfois, il m'envoie des messages destructeurs et violents qui peuvent mettre ma vie en péril. C'est aussi une cause de mon anxiété latente et d'un grand besoin de contrôle, de barrières solides et rigides que j'ai érigées avec les années. 

En 2020, je me suis séparée de l'homme qui m'a soutenue durant les longues années de retour à la stabilité. Dans mon monde en constant changement, il était mon roc, mon ancrage, ma seule constance. Pour la première fois de ma vie, j'allais habiter seule, et je ne savais pas si j'en étais capable. 

Changement d'environnement, de travail, une promotion, le décès de mon grand-père, déracinée de ce quartier que j'appelais chez moi, j'étais déboussolée. Mes habitudes de mon ancienne vie, l'alcool, une vie sociale effrénée, la nourriture, ont été mes soupapes de sécurité. J'ai repris le poids que j'avais mis tant d'effort à perdre, une épreuve de plus à mon estime de soi fraîchement bâtie, les fondations pas encore solidifiées. Ce fut une épreuve. Je ne peux pas dire que je m'en sois encore remise.

Mais ce qui me nuit le plus, outre mon besoin de reprendre le contrôle sur ma consommation, c'est cette anxiété latente qui me pousse à consommer. Quand je décide de prendre action vers l'une de mes dépendances, c'est l'anxiété qui parle. 

Je connais tous les trucs, la méditation, l'exercice physique, l'hygiène de vie, dormir suffisamment, ect ect ect. Je peux sincèrement affirmer que j'utilise ces outils chaque jour. Mes journées commencent chaque matin par 1h30 de méditation, écriture, lecture positive, exercices et affirmations. J'ai une routine du soir pour favoriser le sommeil. Je bouge chaque jour. Je coche toutes les cases de la liste. Il reste que cette anxiété est toujours là et que je n'arrive pas à la calmer.

Bien sûr j'ai une équipe soignante, thérapeute, travailleur social, psychiatre, n'empêche qu'entre les rencontres, je dois gérer cette anxiété par moi-même et j'avoue que ces jours-ci, j'en arrache.

J'aimerais terminer sur une note d'espoir, alors je vais simplement dire ceci : il ne peut pas pleuvoir tout le temps. Aujourd'hui c'est plus difficile, mais je sais que c'est possible aussi d'aller mieux. Qu'il y a parfois des meilleures journées. L'important, pour moi, c'est de prendre ça une heure à la fois. Moment par moment, dans le ici maintenant, je peux être un peu bien.