mardi 6 septembre 2016

Palpitations

J'ai pas beaucoup d'occasions de parler de ma maladie. Au travail, ils ne savent pas que je suis bipolaire. Je n'en parle pas beaucoup avec mes amis non plus. Heureusement, mon conjoint est là pour m'écouter, mais, l'autre jour, quand je lui ai parlé des palpitations dans ma gorge, je sentais que j'étais sur un chemin miné. 


Je suis (encore) en thérapie en ce moment, et ma psy me parlait des bipolaires et de leur difficulté à gérer les stimulis. Trop de stimulis les propulsent en manie. Tout ce qui affecte les sens, ce sont des stimulis. Les sons, les images, les livres, la musique... Bref, pas mal tout ce qui nous entoure, ce sont des stimulis. Et moi j'ai de la difficulté à les gérer? Wow... je peux bien être fatiguée tout le temps!


Au fur et à mesure que je suis plus à l'écoute de mes besoins et que je sais mieux reconnaître mes symptômes, j'ai identifié un phénomène qui se produit, je crois, quand je suis en excès de stimulis. C'est une petite palpitation dans ma gorge, comme une fébrilité. Je connais de mieux en mieux cette sensation, et j'ai appris que, dans ces moments, j'ai besoin de calme, de silence, de respirer. 


Ces temps-ci, j'ai expérimenté avec mes médicaments et j'ai arrêté le Seroquel, un médicament très fort qui m'aidait à dormir. Le résultat, c'est que je m'endors tout naturellement le soir, mais il m'arrive de faire de l'insomnie durant la nuit. C'est pour ça que j'étais anxieuse de parler des palpitations à mon conjoint, parce que je savais que ça allait l'inquiéter. Les bipolaires ont besoin de sommeil pour gérer leur santé mentale...



Mais cette fébrilité, ce n'est pas une manie, c'est loin d'en être une. Cela fait des années que je n'ai pas fait une seule manie et je sais très bien les reconnaître. Non, c'est seulement un état normal de ma maladie, quand j'ai un surplus d'influx externes. Quand je lis quelque chose d'exaltant. Quand j'écoute de la musique très forte ou très rapide. Quand j'ai une conversation très exitante. Quand il y a trop de bruits en même temps. Je pense que je vais toujours vivre cette fébrilité, toute ma vie. Le danger, ce serait de l'alimenter, de l'exacerber, de l'encourager... 


Moi, je ne pense pas que c'est inquiétant, parce que, justement, j'arrive à l'identifier. Non seulement j'y arrive, mais en plus, j'arrive à gérer moi-même ces moments de fébrilité, et j'arrive à me remettre au neutre. Je connais mon corps et je sais ce qui me calme. Maintenant que je me connais mieux, j'arrive à gérer mon état intérieur par des techniques toutes simples, comme la méditation. Est-ce que je peux vous dire que je suis vachement fière d'en être arrivée là? Ma psy dit même qu'un jour, je n'aurai plus besoin de médicaments, parce que j'arriverai moi-même à gérer ma bipolarité. Vous imaginez?


Je trouve ça difficile d'inquiéter mes proches en leur parlant de ma maladie. Je me sens très choyée de pouvoir en parler ici, sans tabou, sous le couvert de l'anonymat. Merci chers lecteurs, de m'accorder ça. 

jeudi 23 juin 2016

Ce qui a changé

Quand j'étais jeune, mon père gagnait beaucoup d'argent et c'était normal, bien vu, comme un signe de succès. Alors je voulais moi aussi faire beaucoup d'argent. 
Je savais que j'avais beaucoup de potentiel et que, quand j'ai un projet dans la tête, pas grand chose peut m'arrêter. Alors je voyais grand, voitures de luxe, un manoir (oui oui!)
bref, faire des millions de dollars. C'était mon plus grand but dans la vie.

Plus tard, un hasard de la vie a fait que je me suis retrouvée en thérapie et qu'on a abordé la valeur personnelle. Nous avons constaté que ma valeur personnelle était uniquement basée sur mon succès professionnel et sur l'atteinte de cette vie riche que j'avais en tête. Et ça pour moi, c'était un problème. Ça voulait dire que, si je n'avais pas d'emploi, ou si je n'atteignais pas la richesse, je ne valais rien. Quelque chose dans mon for intérieur me criait que ça ne pouvait pas être ça, ma valeur. 

Pendant de longs mois, j'ai exploré le fond de moi-même, pour savoir ce que c'était pour moi, ma valeur personnelle. J'ai fait du travail en coaching et ma coach m'a dit : toi dans la vie, tu choisis le bonheur. Des fois c'est aussi simple que ça. Et tout de suite j'ai su que ma valeur personnelle, je n'avais qu'à décider qu'elle était là, emploi ou non. Je ne peux pas définir ma valeur avec des mots, mais je sais que je vaux quelque chose de bien, sans rien faire, sans accomplissements professionnels retentissants, sans devenir millionnaire. 

Plus tard, j'ai découvert en lisant un livre fantastique, que ma priorité dans la vie, ce n'était pas la richesse monétaire, mais la richesse interpersonnelle. Être là pour mes proches était ma priorité. Et ça a eu un impact majeur sur ma façon de voir la vie. Soudainement, mon idée de manoir et de voiture de luxe n'avait plus d'importance. C'était trivial et même un peu ridicule, comparativement à la richesse d'être bien entourée et d'être aimée comme je suis. 

Maintenant, je crois toujours que j'ai un grand potentiel, je ne fixe pas de limite au succès que je pourrais atteindre, mais mes valeurs ont profondément changé. Je ne vise pas la richesse, parce que la richesse, je l'ai déjà. Celle d'avoir des gens que j'aime sur qui compter et pour qui être présente du mieux que je le peux. Et je sais maintenant que je vaux la peine qu'ils m'aiment et de les aimer. C'est ça qui a changé. 

jeudi 7 avril 2016

Juste le temps qui passe

En plus d'apprendre à laisser aller, j'ai appris autre chose de ma dernière retraite silencieuse.

Là bas, j'ai mangé mes repas en silence. Pas de Youtube. Pas de télévision. Juste moi et mon repas. Et j'ai aimé ça! Mon dieu que c'est calme, manger un repas en silence, toute seule, avec comme seule stimulation le goût de mon plat!

Aux toilettes, silence. Pas de magazine, pas d'Instagram. Faire pipi et penser. Et tu peux en penser des choses pendant que tu fais pipi!

Et pendant que j'écris, que je dessine, pas de télé. Moi, le papier, le silence. C'est beaucoup plus paisible. C'est tellement reposant...

Je me rends compte que nous sommes hautement connectés. Il n'y a à peu près pas de moments, dans ma journée, où rien ne se passe. Où je ne suis pas stimulée. À part, bien sûr, les 10 minutes où je médite le matin, parce que ma vie est trop folle et que je ne survis pas sans ce 10 minutes imposé. Où en sommes nous, en tant que société, quand on a même oublié ce que c'est que de s'ennuyer? Quand même aller au petit coin est une excuse pour chatter? Est-ce que ce rythme de vie effrené est nécessaire? Où ça va nous mener? Au bord de l'épuisement, je crois bien...

Alors moi, c'est décidé. Je ne vais plus attendre d'avoir le temps et l'argent pour faire une retraite silencieuse pour m'accorder un temps de répis. Je vais me donner le droit, le soir, de lire ou d'écrire et de ne faire rien que ça. D'aller au petit coin sans apporter mon cellulaire. De prendre un bain sans faire un selfie de la mousse que j'y ai mis. De manger un repas en silence, toute seule dans ma cuisine, au lieu de devant l'ordi. Et une journée de temps en temps, je vais me déconnecter, complètement. Pas de Facebook, pas de notifications, pas de courriel. Juste le temps qui passe... Juste d'y penser, et je me détends....

samedi 2 avril 2016

Merci la vie...

J'ai fait une nouvelle retraite silencieuse le weekend dernier. J'ai loué un petit appartement dans Rosemont, sur une petite rue familiale et tranquille. Je partais du jeudi au dimanche soir pour faire le point sur certains aspects de ma vie qui me tourmentaient. J'avais une idée précise de ce que j'allais faire là-bas et j'avais bien besoin du silence pour y arriver. Mais des fois, la vie est ce qu'elle est.

En quittant la maison avec mes bagages dans les bras, j'ai glissé dans les escaliers glacés. En me retenant à la rampe, j'ai éraflé sérieusement deux de mes doigts. J'ai poursuivi mon chemin vers mon Airbnb, et, arrivée là bas, j'ai désinfecté sommairement mes doigts très douloureux.

Le lendemain matin, à mon réveil, j'ai tout de suite compris que mon annulaire était fracturé. J'ai jonglé avec l'idée de rester tranquillement à l'appartement et à profiter de ma solitude, mais la réalité était tout autre. Je DEVAIS traiter ma blessure et tout de suite. Je suis donc sortie, à 8 heures le matin, à courir les cliniques. J'en ai fait quatre avant de me rendre à l'évidence, Vendredi saint n'est pas une bonne journée pour voir un médecin. À la pharmacie, on m'a vendu une atelle et des anti-inflammatoires. Je suis rentrée sagement dans mon petit logement.

Durant l'après-midi, alors que j'étais absorbée par mes pensées, j'ai entendu une musique. Un voisin, tout près, pratiquait la guitare. Et je l'entendais un peu trop bien! Ce que je ne savais pas, c'est que sa pratique allait durer plusieurs longues heures... Et au diable le silence!

Ce qui fait que samedi soir, ayant accompli ce que j'étais venue régler, j'ai décidé d'écourter mon séjour et de rentrer chez moi. En chemin, comble d'ironie, je lisais un livre sur le laisser-aller.... qui est tombé de mon sac entre le métro et chez moi. Je pense que le message est on-ne-peut-plus-clair...

J'ai une tendance un peu maniaque à ce que tout soit parfait autour de moi. Ce que ce weekend me dit, c'est que je ne peux pas tout contrôler. Je DOIS apprendre à laisser aller. À abandonner à la vie le droit de foutre mes plans en l'air. C'est encore elle qui a le dernier mot, et c'est très bien ainsi. Merci la vie...

mercredi 30 mars 2016

Prémonition

C'est bizarre des fois quand on y pense, comment on ressent les choses... Quand j'étais plus jeune, je n'avais peur de rien, ou presque. En fait j'avais une toute petite phobie de rien du tout, j'avais peur d'être internée dans un hôpital psychiatrique...

Je pense que ce n'est pas une phobie commune. Les gens ont peur des araignées, des hauteurs, des orages, de conduire en ville... Mais je ne connais absolument personne qui a peur d'être interné. Et qui l'a été... Prémonition?

Je pense que, depuis mon tout jeune âge, j'avais compris qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez moi... Même qu'à un certain moment, j'ai dit les mots «maniaco-dépressif» en parlant de mon état d'esprit. Est-ce que c'est possible que la maladie s'est révélée à moi bien avant mon diagnostic? Est-ce que ce sont tous les bipolaires qui ont cette perception d'eux-même? Suis-je particulièrement sensible?

C'est pour ça que, lorsque le diagnostic est tombé, j'ai pleuré, de joie... Il y avait enfin une explication logique à tout cet émoi. Surtout, il y avait une solution. Ma psychologue dit que ça prend 5 à 10 ans pour un bipolaire pour accepter la maladie et les traitements. Pas moi. J'ai sauté dedans à pieds joints. Oui, la thérapie. Oui les médicaments. Oui les suivis. J'embarque. J'avais probablement une longueur d'avance, parce que je le savais déjà bien avant l'hôpital et l'internement. C'était un soulagement...

vendredi 8 janvier 2016

Revue de l'année 2015

J'aime beaucoup faire des bilans. C'est ma façon de regarder le parcours derrière moi et de choisir où je m'en vais. Quand je regarde 2015, je vois une année de progression, d'épanouissement et de croissance personnelle. C'est un beau bilan.

J'ai commencé l'année en thérapie. J'avais commencé à voir ma psychologue en juin 2014 parce que je vivais une problématique en lien avec un traumatisme passé. J'ai résolu ma problématique, mais ma psychologue a déterré de vieilles douleurs. J'ai compris que je n'avais pas encore bâti ma valeur personnelle à mes yeux. J'ai travaillé avec ma coach afin de trouver une façon de connecter avec ce sentiment crucial qui fait qu'une personne sent qu'elle vaut la peine d'être aimée. Ça a été difficile comme travail, mais je peux maintenant dire que je sens, au plus profond de moi, ce que je vaux comme personne, indépendamment de mon succès professionnel ou financier. Je suis moi et je suis assez. 

J'ai mis fin à ma thérapie vers le mois de février. Je ressentais le besoin maintenant de progresser seule, de faire mon chemin sans intervention externe. Je me sentais prête, je me sentais pleine. 

En avril, j'ai célébré mes 30 ans. Ce moment a été le plus beau de mon année 2015. J'ai senti que je franchissais une étape importante de mon développement, que je faisais maintenant mon entrée dans le monde des adultes. Si un mot caractérisait mon sentiment à cette époque, c'était sérénité. Étrangement, c'est le mot qui est revenu dans presque toutes mes cartes d'anniversaire. Je me suis d'ailleurs fait tatouer le symbole de la sérénité, c'est le cadeau d'anniversaire que m'a offert mon amoureux. 

À la fin de l'été, j'ai senti quelques difficultés émotives. En 2014, j'ai atteint 50 livres de perdues suite à un travail de longue haleine sur ma santé. Mais en 2015, j'ai repris 25 livres. J'étais dévastée. Mon image personnelle m'affectait beaucoup. Je sentais que j'avais échoué et que j'étais moche et sans volonté. 

Aussi, à cette période, je vivais de grands boulversements à mon travail et j'étais stressée. Mon trouble obsessionnel-compulsif et mon trouble anxieux se sont mis à prendre beaucoup de place dans ma vie. J'ai senti que j'avais besoin d'aide. Je suis allée faire des démarches à mon CLSC pour voir un psychologue. Bien sûr, il y a plusieurs mois d'attente, je n'ai pas eu de suivi en 2015.

En septembre, j'ai fait une retraite silencieuse à l'abbaye Ste-Marie-des-Deux-Montagnes. Je ressentais un grand besoin de m'isoler pour réfléchir à mon parcours et pour imaginer mon avenir. J'ai médité longuement là-bas, à l'ombre des grands chênes, et j'ai eu plusieurs prises de conscience et révélations. Cette aventure s'est révélé un moment charnière de mon développement personnel et j'ai eu l'envie d'écrire un mémoire sur ce que j'ai vécu là-bas. Je complète actuellement le brouillon de mon manuscrit.

L'automne a été difficile au travail et j'ai eu beaucoup de remises en question. Je croyais quitter mon emploi mais étonnament, mes nouvelles conditions de travail sont beaucoup plus intéressantes que précédemment et mes employeurs m'ont fait preuve d'une grande reconnaissance pour mon travail. Je suis maintenant plus motivée que jamais au sein de mes fonctions.

Au début novembre, j'ai vécu un grand drame qui m'a secouée très fortement. Edward, mon compagnon félin des 9 dernières années, est décédé subitement. J'étais très attachée à Edward, il s'agit du premier être vivant à qui j'ai promis de l'aimer sans conditions et de lui faire une place dans ma vie. Je dis souvent qu'apprendre à aimer Edward m'a permis d'être prête à faire de la place pour un homme dans ma vie. Cette petite boule de poils a fait ressortir le meilleur de moi-même, et c'est ce que je veux garder en souvenir de lui. J'ai traversé cette épreuve d'une nouvelle façon pour moi. Avant, je gardais mes émotions enfouies au plus profond de moi, refusant de les vivre, de peur d'être envahie par elles. Cette fois-ci, j'ai décidé de vivre pleinement la douleur de sa perte. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, j'ai parlé à mes proches de mes émotions, je les ai écrites. J'ai mis des photos d'Edward partout près de moi, pour me souvenir, mais aussi pour ne pas oublier que je devais vivre mon deuil maintenant, pour ne pas le trainer comme un boulet pendant des années. Je suis heureuse d'avoir fait ça de cette manière. Je peux dire maintenant que j'ai fait mon deuil et qu'il ne me reste que les beaux souvenirs, et cette petite nostalgie qui ne me quittera probablement pas. 

À la fin de l'automne, de grands problèmes de digestion m'ont amené à faire plusieurs tests de santé et à revoir mon alimentation. J'ai recommencé à perdre du poids et à bien manger et mon image de soi s'est immédiatement transformée. Je me trouve belle, resplendissante, et je vois que les gens autour de moi ont perçu ce changement dans mon estime de soi et dans ma confiance. 

J'ai terminé l'année en revisitant les événements qui ont marqué 2015 et à revoir mes priorités. J'ai évalué les différentes sphères de ma vie et j'ai constaté que c'est vraiment ma santé qui a le plus besoin d'efforts, alors je vais en faire mon thème pour 2016. 


Nous venons tout juste de commencer l'année, je commence ma thérapie au CLSC la semaine prochaine et je compte faire de 2016 le prolongement de cette belle croissance amorcée en 2015. Je suis pleine d'enthousiasme et j'ai hâte de faire de nouvelles découvertes sur moi-même, d'apprendre encore plus à me connaître et à me développer. 

Merci de me lire, à très bientôt.