dimanche 13 février 2022

J'ai franchi les limites, mais c'était par amour. OK?

Il y a de ces œuvres qui nous appellent sans trop savoir pourquoi. Pour moi, c'était ce titre : Y Avait-il des limites, si oui je les ai franchies mais c'était par amour OK? Intriguant, fascinant, mais je savais que ça allait faire mal. Dans des racoins de mon âme où je n'étais peut-être pas prête à aller.

C'est une autofiction. Vers la fin du roman, l'auteure, Michelle Lapierre-Dallaire, nous explique que par la fiction, elle peut se délivrer l'âme sans jamais que l'on sache ce qui est vrai ou pas. J'avais l'impression de lire son journal. Une intimité comme j'en ai rarement lue dans la psyché meurtrie d'une jeune femme que je soupçonne d'être borderline. 

La maladie mentale est évoquée dans le livre, mais à mots couverts. Sans trop de détails. Mais on la ressens. Je revoyais le film de Marie-Sissi Labrèche, la tourmente des relations amoureuses qui ne mènent nulle part, mais qu'on vit à 200 à l'heure, sachant qu'on va bien sûr rentrer dans le mur éventuellement. Je m'y suis sans cesse reconnue. Et ça m'a meurtrie moi aussi.

On y parle crûment d'abus sexuels dans l'enfance. Ça ne nous épargne pas. Une cruauté qui ne nous laissera pas indemne. Le livre est court, et une chance, parce que j'ai eu du mal à en prendre. À ne pas lire si vous combattez encore de vieux démons qui bouleversent. 

Dans ce tableau d'abus de toutes sortes, de sexe fusionnel, de perte de contrôle, une poésie désarmante. Comme quand la lumière trop crue fait ressortir la beauté dans le sordide. Qu'elle l'illumine. Dans sa misère, ce livre est lumineux. Fait entrevoir une pointe d'espoir à la fin, quand nous sommes essoufflés et meurtris. Et on veut y croire. 

Je ne me suis pas sortie indemne de ce roman, si court, si poignant. Que j'ai pris à petite dose pour ne pas sombrer. Mais je suis heureuse de lui avoir donné une chance. Il m'a offert une lunette de ma propre psyché d'adolescente brisée qui tentait tout pour engourdir la douleur. Et j'ai pris conscience que moi aussi, malgré les abus, j'ai connu l'espoir. 

L'auteure a presque 10 ans de moins que moi. En 10 ans, le chemin que j'ai parcouru vers la sérénité fut long, ardu, mais fructueux. Je lui souhaite le même dénouement heureux.