vendredi 15 avril 2022

Bouleversements doctoresques

Je suis bouleversée depuis lundi. Depuis mon rendez-vous avec mon psychiatre. Ça ne s'est pas bien passé.

Déjà, le mois passé quand on s'est parlé, ça ne s'est vraiment, mais vraiment pas bien passé. Je lui ai fait part de symptômes dépressifs et il m'a dit d'un ton bourru "ben forcez-vous madame". Je lui ai dit que les médicaments que ça fait 10 ans qu'il essaye de me faire prendre sans succès m'empêchaient de rentrer au travail le matin, trop sonnée. "Vous êtes rendue difficile". Il a ensuite essayé de me prescrire deux médicaments qu'il venait de m'enlever parce que j'avais des effets secondaires graves. Il m'a raccroché au nez. 

J'étais sonnée. Désemparée. Bouleversée.

Il a demandé à ce qu'on se voie face à face la prochaine fois. J'étais d'accord, parce que ce que j'avais à lui dire, ça ne se dit pas au téléphone.

Ça fait 12 ans que c'est mon médecin. Depuis le jour de ma psychose. Il a toujours été plutôt bourru, mais disons que depuis quelque temps, c'est de plus en plus marqué. Je sens qu'il n'a plus envie de m'aider. Ce qu'il m'a dit lundi a confirmé mes craintes.

Il a suggéré que je retourne à mon médecin de famille. Je lui ai dit que je n'allais pas assez bien pour ça. Que je venais tout juste de revenir d'un long arrêt de travail. Il m'a répondu qu'il n'y avait pas cru, lui, à cet arrêt de travail, que je tentais de le manipuler. J'étais tellement sonnée que je n'ai même pas répondu. C'est certain que s'il ne me croit pas, il n'a pas envie de m'aider. Et ça m'a grandement bouleversé.

Bouleversé, parce que la personne en charge de ma santé mentale a jeté la serviette sur mon bien-être. Que je dépends de lui pour m'offrir les soins dont j'ai besoin. Je me sens abandonnée et désemparée. Déboussolée. Craintive. Paniquée. 

Toute la semaine, j'ai essayé de ne pas faire face à mon anxiété, parce que j'avais peur d'y sombrer. Je me suis détournée de ce que je ressens. Cette semaine, ma grand-mère est décédée et je n'ai pas eu la force de tout considérer. J'avais comme l'impression que c'était trop gros. 

Puis j'ai décidé d'écrire, parce que des fois je vois mieux ce que je ressens quand je le couche sur la page. Et j'ai décidé que, si je sombre,  j'irai voir mon médecin de famille pour aller chercher l'aide que mon psychiatre n'est plus disposé à m'offrir. Ça me rend tout de même triste, mais c'est une solution. 

Et lundi, après toutes ces preuves du désengagement de mon médecin, j'ai pris mon courage à deux mains, et je lui ai demandé d'être transférée. Qu'il me réfère à sa collègue que j'avais vue en 2017 durant mon long arrêt de travail. Qui a de la compassion. Qui comprenait ce que je vis. Chose que je n'ai jamais sentie avec mon médecin actuel. Ça m'a pris tout mon p'tit change pour nommer mon besoin, et il l'a accueilli sans broncher, en me disant que de toute façon, il approche de la retraite. Il n'a même pas demandé pourquoi. 

Je suis sortie de là dans tous mes états. Mais avec une pointe de fierté d'avoir oser m'affirmer, demander, m'exprimer. Devant un homme qui représente la seule autorité qui reste dans ma vie. Mais je l'ai fait. Et j'ai pleuré. C'est un peu le deuil d'une relation thérapeutique qui finit tellement mal, une incompréhension d'où j'ai perdu sa confiance dans le processus. Une grande remise en question. Bouleversée, mais aussi mêlée. 

Et là je regarde en avant, maintenant que tout ça est sur la page. Si sa collègue accepte de me prendre pour patient, le transfert sera simple. Sinon, ce sera au coordonnateur de me trouver quelqu'un. C'est l'inconnu, mais je fais confiance à la vie pour me donner la solution la mieux pour moi. Il faut que j'y croie. 

Qu'est-ce qui vous remonte le moral quand vous perdez la confiance de quelqu'un à qui vous avez déjà tenu? Comment on passe par dessus?

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