mardi 30 décembre 2014

2014 - L'heure des bilans

C'est en février 2010 que le diagnostic est tombé, je suis bipolaire. À partir de ce moment où je suis prise en charge par l'équipe de Louis H., un long périple s'amorce vers un retour à la vie fonctionnelle. La route est longue et sinueuse, le parcours semé d'embûches, mais je garde le cap, car je crois que si j'y mets les efforts, je peux m'en sortir, plus forte. 

En janvier 2013, je parviens à retourner sur le marché du travail, à reprendre un rythme de vie normal, ou presque. Au début, je suis fatiguée parce que passer de patate de sofa à travailleure à temps plein, c'est une grosse différence. Mais j'y parviens et je conserve le même emploi jusqu'à la fin de l'année. Ma médication n'a pas changée, mes rendez-vous avec le psychiatre sont espacés aux douzes mois. Ça va super bien! En juillet, je décide de reprendre les droits sur mon corps, après avoir pris 100 livres avec la médication dans les premières années du traitement.

2014 débute et je perds rapidement du poids. Graduellement, je constate que les effets de mes somnifères sont encore présents au réveil. Il m'arrive d'être tellement somnolente que je dors sur mon bureau au travail. Mon patron me donne des tâches et je n'arrive simplement pas à garder mes yeux ouverts. Ça m'arrive en réunion, ça m'arrive dans les conseils d'administrations... Mon moral est bon, mon humeur est stable, mon poids s'améliore, mais la médication, ça ne va plus. C'est la que ma mère me fait remarquer que, si je perds du poids, c'est bien possible que ma médication soit trop forte! J'ai fait ajuster deux ou trois fois cette année, mais enfin, je fonctionne. Sauf qu'à l'évaluation de fin d'année, mon patron indique que ma médication nuit à mon rendement et me demande un bilan de santé. Et je n'ai pas envie qu'il sache ce que j'ai ni d'où je viens. Il a le droit de demander ça?

Outre la médication qui a changé, mon psychiatre m'a laissée aller. Je suis maintenant suivie uniquement par mon médecin de famille. Je le vois un peu comme une libération! Et je porte maintenant des vêtements de taille régulière, ce qui me fait encore plus plaisir! 

Je crois que j'ai bien progressé depuis la crise qui m'a menée à mon diagnostic en 2010. Je crois que je suis devenue quelqu'un de plus posée, de plus calme, de plus sereine. De plus stable, beaucoup plus stable. Et je me dis que c'est donc beau, la vie!

mardi 16 septembre 2014

Comment le jazz m'aide avec mon TOC

La dernière fois que j'ai vu Dr. Todorov, je lui ai parlé de quelque chose qui me préoccupe depuis un certain temps. J'ai remarqué que j'ai une certaine rigidité avec les horaires. Je dois faire les choses à l'heure pile à laquelle j'avais prévu le faire, et dépasser mon horaire m'angoisse. Certaines fois, s'il est, par exemple, 7h12 et que j'avais prévu prendre ma douche à 7h, je n'y vais tout simplement pas, par peur de manquer de temps. 

Certains détails me sont apparus, après avoir constaté cette rigidité. J'ai remarqué que je réagis
fortement aux fautes d'ortographes. Elles me font sentir inconfortable et me font grincer des dents, comme quand on gratte un tableau noir avec son ongle. Les patterns qui ne sont pas respectés, comme un motif de céramique qui serait irrégulier, me font le même effet. Je n'aime pas l'asymétrie. Un autre exemple, j'ai dans ma chambre un mirroir, et le coin droit est abîmé. Je n'aime pas le regarder. 

J'ai parlé de tout ça avec mon psychiatre. Selon loi, j'ai une légère tendance au trouble obsessionnel-compulsif. Légère, parce que ce trouble ne m'empêche pas de fonctionner au quotidien, malgré qu'il affecte plusieurs aspects de ma vie courante. J'ai refusé de prendre une médication pour le traiter, jugeant que je prends déjà suffisamment de médicaments pour le moment. Je cherche depuis des façons d'alléger les impacts de mes TOC au quotidien.

Vous comprendrez que, pour une fille qui tolère mal l'asymétrie et les patterns non respectés, le jazz ne m'attirait pas du tout. J'aime beaucoup mieux le blues et ses rythmes rassurants. Mais je me suis dit que les envolées improvisées et irrégulières du jazz seraient peut-être exactement ce qu'il me fallait! J'ai décidé d'incorporer cette musique à mon quotidien, en utilisant l'application Songza, dans laquelle j'ai trouvé plusieurs listes de lecture sur différents courants du jazz. J'ai fait plusieurs découvertes très intéressantes et je me suis surprise à apprécier graduellement. Au début, j'avais les dents qui grincent et il m'arrivait de sauter des morceaux trop irréguliers, mais j'ai progressivement accru ma tolérance, mon aversion est devenue une affection pour cette musique étrange. 

J'ai rapidement constaté des effets de cette médecine inusitée sur mes TOC. J'ai commencé à dépasser mes horaires de quelques minutes sans trop de souci, je laisse passer des fautes de syntaxe lorsque je rédige avec mon patron, j'apprends à regarder mon mirroir avec compassion plutôt qu'avec haine... Je crois que mon cerveau apprend à s'assouplir graduellement. 

Si vous avez, comme moi, un TOC léger, essayez le jazz pour quelques temps. Vous me direz si ça vous fait du bien, ça m'intrigue!

mercredi 25 juin 2014

Retour en thérapie

La enième thérapie. Je suis de retour. 
Source

Je vivais un problème spécifique, lié à un événement de mon enfance qui n'est pas réglé. J'ai donc décidé de crever l'abcès et de retourner en thérapie. Une fois la première séance passée, nous avons fait mon portrait clinique et tout un monde de douleur passée a refait surface. Je constate que le problème pour lequel je consultais n'était que la pointe d'un iceberg de refoulements et de traumatismes. 

J'ai trouvé une bonne thérapeute, très à l'écoute, active dans son intéraction, qui me fais sentir écoutée et acceptée, validée dans mon vécu. Je crois qu'avec elle, j'irai chercher de la paix intérieure, j'en ai besoin.

Heureusement, mon homme est très présent et acceuillant à mon retour de thérapie. Il est patient et m'offre ses yeux pleins d'amour. 

Ce nouveau voyage vers le centre de moi, je l'amorce avec ouverture, avec implication, je veux trouver la paix. 

Si, comme moi, vous avez besoin d'amorcer un travail thérapeutique, je vous suggère de consulter votre CLSC local ou le site de l'ordre des psychologues du Québec pour trouver un thérapeute pour vous accompagner dans votre démarche. 

samedi 21 juin 2014

Ajustements

Si vous suivez mon blog depuis un moment, vous savez que, depuis que je suis tombée malade, j'ai pris beaucoup de poids. 100 livres pour être précise. Beaucoup de facteurs ont contribué à cette prise de poids, notamment la médication. Je me voyais changer, mais, en dépression profonde, je n'avais pas l'énergie ni le courage de changer les choses. 


Quand j'ai repris le contrôle sur mes humeurs et sur mes émotions, j'ai eu envie de me reprendre en mains. En juillet 2013, j'ai amorcé une démarche de remise en forme. 12 mois plus tard, j'ai réussi à perdre 35 livres. Je suis très fière de ce que j'ai accompli mais un problème s' est tranquillement installé dans ma vie. 
J'etais toujours fatiguée. J'avais beaucoup de somnolence. J'avais l'impression que ma médication était beaucoup trop forte.  Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'en ai parlé avec ma mère et c'est elle qui a cerné le problème. Avec la perte de poids, ma médication n'était plus adaptée!


J'ai consulté mon psychiatre et, pour la première fois en quatre ans, on baissait mes médicaments. Ça a tout changé pour moi! J'ai beaucoup plus d'énergie! Ça, mais quelque chose que je croyais avoir perdu a refait surface, ma créativité. J'avais arrêté de peindre, de créer des bijoux, d'écrire. J'ai eu deux idées de toiles depuis deux semaines et j'ai recommencé à tenir un journal. Je me sens revivre!

Avec les efforts et la persévérance, je réussis encore à améliorer ma vie.

pour suivre mon odyssée de remise en forme sur facebook : -25

dimanche 9 mars 2014

Était-ce réel?

Il nous arrive souvent, à mon homme et moi, de parler de cette époque pré-médicaments, l'époque où je vivais la bipolarité sans contrôle, sans entraves.

Je peux vous dire que, durant les phases de manie, toutes sortes d'idées farfelues me venaient en tête, que
j'exprimais tout haut, sans filtre, pensant tout bonnement que c'était la réalité, ma réalité du moins. Maintenant que je sais que les manies étaient créées par ce trouble bipolaire qui m'habite, je jette un oeil perplexe et incertain envers ces pensées et ces croyances étranges qui, manifestement, ne font pas la norme.

Sur ce, je m'interroge. Est-ce que ces pensées particulières étaient simplement l'oeuvre de mon esprit malade, ou est-ce que, dans ces moments de manie, j'atteignais un niveau de conscience différent des gens «normaux», que cette réalité pouvait être bien réelle? Jamais je ne saurai.

Une chose est sûre, j'aimais beaucoup ces manies. Mes meilleures idées, mes plus grands succès en affaires étaient l'oeuvre de ces manies. Maintenant sous contrôle médicamenteux, mes pensées sont plus rationnelles, je n'ai plus ces élans créatifs que j'appréciais tant. Cependant, je fonctionne.

J'aimerais connaître l'opinion de gens comme moi sur les pensées en manie. Croyez-vous qu'elles étaient réelles ou chimères? Est-ce que ça vous manque?

samedi 25 janvier 2014

Actualisation


Un an, je suis de retour au travail depuis un an. Déjà! Trois ans, trois ans à la maison, à me refaire une vie, à changer profondément, à devenir la nouvelle moi version améliorée, médiquée, contrôlée. 

Je suis beaucoup plus stable. Mon humeur est régulière, je fonctionne. Il y a quelque chose de rassurant dans ce nouvel état, mais il reste une crainte, crainte de retomber, de perdre pied, d’y retourner. Il y a aussi une nostalgie, celle de ces moments d’extrême lucidité, de sensation de pouvoir tout accomplir, d’être le roi du monde. Celle des idées qui ne se tarissent pas, de croire que tout est possible. Le monde «normal» est rassurant, mais il est un peu ennuyant par moments. 

Je me suis imposé une routine, des objectifs à atteindre, un peu rigides, contraignants. Je suis très exigeante. Je veux tout accomplir d’un coup. Ça n’est pas possible, je l’ai bien compris. Je dois accepter de tomber quelques fois. Je dois juste me relever, regarder en avant. Je vais le faire. Parce que je le veux. Parce que je le peux.