L’année vient de commencer, mais je suis déjà à fonds dans les remous de ma condition.
L’insomnie me tenaille encore chaque soir, dernièrement avec une recrudescence qui m’inquiète. Il faut dire que mes humeurs sont en dents de scie depuis… Depuis?
Vous allez me dire, bien, être bipolaire c’est une vie d’humeurs en dents de scie. C’est pas mal la définition même de ta condition. C’est vrai. Mais parfois, il y a des moments d’accalmie. Je ne me souviens juste plus de la dernière fois.
Depuis ma dernière hypomanie (un mini high), je perds pied. Puis j’ai une demie-journée de plaisir ou de bien-être, puis je retombe. Après chaque montée, il y a le crash. Plus rien ne va. Mes pensées m’envahissent. Avez-vous le contrôle sur la petite voix dans votre tête vous? Moi pas.
Cette année, on a découvert que je faisais de l’anxiété. Que l’insomnie que je vis depuis ma tendre enfance, c’est en fait causé par de l’anxiété, et une constate hypervigilance.
Et depuis que deux hommes se sont introduits par effraction chez moi, chaque bruit me plonge dans la terreur. Et j’habite au rez-de-chaussée d’une rue passante du centre-ville, il y a du bruit à chaque heure du jour et de la nuit. Ça n’aide vraiment pas mon insomnie.
J’ai commencé une nouvelle méthode de développement personnel. Je cherche la paix d’esprit. Je pense que je l’ai toujours cherchée, dans les confins de mon esprit malade. Ça s’appelle The Presence Process.
Chaque année, je choisis un thème pour mon année et, pour 2023, j’avais choisi présence. Il n’y a que dans le moment présent que l’on peut être bien. Si on vit dans le futur, c’est de l’anxiété, dans le passé, de la dépression. Le présent, ça devrait être la paix. Je ne peux pas changer le passé, je ne contrôle pas l’avenir. Je peux seulement être dans le présent et agir sur ce que j’ai du contrôle.
On revient au Presence Process. Ça consiste en 2 séances de respiration en conscience de 15 minutes, en se levant le matin, et le soir tout juste avant le lit. Des lectures et une affirmation positive par jour.
Au début, je croyais que j’aurais du mal à tenir 15 minutes en silence juste avec ma respiration. C’est pas si difficile! J’en suis au jour 6 et j’y arrive très bien! Sauf que…
Sauf que plein de vieilles blessures, de vieux traumas, refont surface. Au moment où je ne m’y attends pas. Quand j’essaie de m’endormir. Dans mes rêves. Et en bonne malade mentale, je doute de ma sanité. Je doute, est-ce que je suis supposée expérimenter sur des processus mentaux, considérant ma condition? Est-ce que ce ne serait pas plus prudent de rester loin des confins de mon esprit?
Mais j’ai l’impression que je ne peux pas fuir ce qui se passe dans ma tête indéfiniment. Que si je continue à éviter la pleine conscience, je passe à côté de l’essentiel. Je crois vraiment que je trouverai la paix dans le moment présent. Sauf que j’ai tout un paquet de merde à débroussailler avant de l’atteindre, la sainte paix! Et que malheureusement, mes vieux traumas ne se règleront pas d’eux-même.
J’ai l’impression que peut-être je devrais attendre d’être dans une passe stable de ma vie pour entamer ces processus de travail sur moi. D’un autre côté, j’ai l’impression que si je ne fais pas le travail, je ne le serai jamais, stable.
J’aimerais me raccrocher aux petites parcelles de bien-être occasionnelles qui ponctuent ma vie. Ma pratique de gratitude m’aide beaucoup pour ça. J’ai toujours voulu voir le verre à moitié plein. Des jours, c’est plus facile que d’autres.
Voilà où j’en suis.