C'est en février 2010 que le diagnostic est tombé, je suis bipolaire. À partir de ce moment où je suis prise en charge par l'équipe de Louis H., un long périple s'amorce vers un retour à la vie fonctionnelle. La route est longue et sinueuse, le parcours semé d'embûches, mais je garde le cap, car je crois que si j'y mets les efforts, je peux m'en sortir, plus forte.
En janvier 2013, je parviens à retourner sur le marché du travail, à reprendre un rythme de vie normal, ou presque. Au début, je suis fatiguée parce que passer de patate de sofa à travailleure à temps plein, c'est une grosse différence. Mais j'y parviens et je conserve le même emploi jusqu'à la fin de l'année. Ma médication n'a pas changée, mes rendez-vous avec le psychiatre sont espacés aux douzes mois. Ça va super bien! En juillet, je décide de reprendre les droits sur mon corps, après avoir pris 100 livres avec la médication dans les premières années du traitement.
2014 débute et je perds rapidement du poids. Graduellement, je constate que les effets de mes somnifères sont encore présents au réveil. Il m'arrive d'être tellement somnolente que je dors sur mon bureau au travail. Mon patron me donne des tâches et je n'arrive simplement pas à garder mes yeux ouverts. Ça m'arrive en réunion, ça m'arrive dans les conseils d'administrations... Mon moral est bon, mon humeur est stable, mon poids s'améliore, mais la médication, ça ne va plus. C'est la que ma mère me fait remarquer que, si je perds du poids, c'est bien possible que ma médication soit trop forte! J'ai fait ajuster deux ou trois fois cette année, mais enfin, je fonctionne. Sauf qu'à l'évaluation de fin d'année, mon patron indique que ma médication nuit à mon rendement et me demande un bilan de santé. Et je n'ai pas envie qu'il sache ce que j'ai ni d'où je viens. Il a le droit de demander ça?
Outre la médication qui a changé, mon psychiatre m'a laissée aller. Je suis maintenant suivie uniquement par mon médecin de famille. Je le vois un peu comme une libération! Et je porte maintenant des vêtements de taille régulière, ce qui me fait encore plus plaisir!
Je crois que j'ai bien progressé depuis la crise qui m'a menée à mon diagnostic en 2010. Je crois que je suis devenue quelqu'un de plus posée, de plus calme, de plus sereine. De plus stable, beaucoup plus stable. Et je me dis que c'est donc beau, la vie!